Le temps passe... les métiers restent, disparaissent ou évoluent

Hanaa Khachaba Nevine Ahmed Dimanche 19 Juillet 2020-11:59:58 Dossier
Al-Ardhalgui ou l'avocat
Al-Ardhalgui ou l'avocat

La vie n’est pas statique. Elle est en changement perpétuel. Notre univers, aussi, obéit à une série de règles, l’évolution en fait partie. Rien ne reste sans changement. Nos pensées changent, nos apparences changent, nos comportements se développent, même les métiers. Ceux-ci aussi évoluent au fil du temps. Il existe des métiers qui apparaissent, évoluent puis changent d’appellation selon l’époque où ils prospèrent. D’autres naissent puis disparaissent en raison de l’évolution technologique.

Dans ce dossier, le Progrès Egyptien vous propose un voyage express dans le temps pour connaître quelques métiers de jadis dont le label d’origine a évolué selon le contexte d’actualité mais qui gardent toutefois la même description.

 





1-     Al-Dallala (La styliste)



Dans le temps, Al-Dallala était cette dame qui faisait du porte-à-porte pour vendre des étoffes de soie, de lin…etc. ou du prêt-à-porter féminin. On peut dire que la mode féminine évoluait au gré de la Dallala qui proposait à ses clientes une superbe collection de vêtements de toutes sortes, selon son avis à elle. Elle jouissait de la confiance de ses clientes au point que celles-ci se précipitaient à acheter tout ce qu’elle leur suggérait. Le temps file, et la Dallala ne perd pas son métier comme l’ont perdu beaucoup de gens. Elle a seulement changé de nom. De Dallala, elle devient la styliste. Une profession qui a gagné du prestige avec le temps. Aujourd’hui, les clients se rendent chez elle, dans son atelier qui, le plus souvent, est plein à craquer avec des clientes férues de mode. 



2-     Al-Ballana (L’esthéticienne-cosméticienne)



Celle qui exerce ce métier est aussi une femme. Elle procédait à des soins sur le visage et le corps de la mariée, qu’elle entretient, embellit ou met en valeur. Sa clientèle est exclusivement féminine. La Ballana est, en deux mots, la spécialiste des soins de beauté. Elle effectue des épilations, des maquillages, des massages relaxants, des soins du visage, du corps, des mains ou des pieds. Elle a aussi un rôle de conseillère sur le choix des produits de soins à utiliser par chacune selon son type de peau. La Ballana était douée ! Elle savait diversifier ses activités et se mettre au courant des nouveautés afin de fidéliser sa clientèle. Aujourd’hui, son métier a changé de nom et est devenu « Esthéticienne de salon de beauté » tout en conservant la description métier.



3-     Le Shahbandar (Le Maître des ports)



C’est un mot perse qui signifie le « Maître des ports ». Ce métier était masculin. Le Shahbander était un fonctionnaire des ports safavides perses. Il était en charge des commerçants et de la perception des impôts. Le métier de Shahbandar est apparu d’abord en Perse, avant de se propager dans tout le bassin de l’océan Indien. Plus tard, il est devenu obsolète dans les villes portuaires de la Perse. Le terme Shahbandar est aujourd’hui utilisé pour appeler le fonctionnaire qui représente les intérêts des marchands turcs opérant en Perse. Plus généralement, ce terme signifie le « chef des commerçants ». C’est le plus âgé des commerçants, doué de sagesse et d’habileté.

Ce n’était pas un simple métier. Le Shahbandar était un homme qui avait de l’étoffe. Les autres commerçants obéissaient à sa parole et se fiaient à son verdict en cas de litige. Aujourd’hui, cette appellation n’est plus en vogue. Elle a été substituée par le syndic des commerçants ou le président de la Chambre de commerce.



4- Al-Ardhalgui (L'avocat)

Si vous voulez écrire une plainte ou soumettre une doléance aux responsables, mais vous ne savez pas comment rédiger la formule requise, même si vous pouvez lire et écrire, vous avez donc besoin d'un « Ardhalgui ». C'est donc ce fonctionnaire qui sait comment rédiger les doléances moyennant quelques livres... Vous payez donc, et vous aurez votre doléance écrite dans un style formelle et convenable. Il est donc cette personne qui rédige les plaintes des gens simples qui ont subi une certaine injustice et qui désirent soumettre aux responsables de la Police, du Parquet ou de la Cour, une doléance pour obtenir justice. Ne parle-t-on donc pas aujourd'hui d'un avocat ?!

On l'appelait également le métier du « ghalabawi » (celui qui parle trop). C'est un très ancien métier qui s'est répandu en Egypte avant 1868, donc avant la création de la faculté de Droit. Les personnes qui exerçaient donc ce métier se trouvaient dans de petits kiosques en face des tribunaux. Il y avait deux types de métiers. Le « Ardhalgui » mot qui vient de l'arabe et qui veut dire exposer la situation, c'est donc cette personne qui écrit les doléances. Alors que l'autre type était les « ghalabawi ». Ces derniers étaient pour la plupart des personnes ayant étudié à Al-Azhar. Ils sont donc conscients de certains dispositions de la charria et des coutumes, outre leur talent et leur aptitude à parler et à discuter.

Si « Al-Ardhalgui » prenait son argent avant d'écrire les doléances, le « ghalabawi », lui, il ne touchait son honoraire qu'après avoir gagné le procès.

« Al-ghalabawi » a évolué donc et est devenu l'avocat, alors que le « Ardhalagui » est un métier qui a disparu au fil du temps et avec l'évolution de l'éducation et le progrès technologique. On raconte qu'ils étaient au nombre de 200 après que beaucoup aient disparus et ils se trouvent surtout à Damiette et à Ras Al-Bar, mais à présent, ils sont moins que 50.




5- Al-Bachkateb (Focntionnaire ou secrétaire)

Le mot est d'origine turque. Il signifie le chef des écrivains, donc simplement un fonctionnaire ou un secrétaire. Jusqu'aux années 20 ou 30 du siècle passé, le métier de « bachkateb » existait, ou disons plutôt que le métier existe toujours mais c'est le mot qui a disparu et a été remplacé par « secrétaire ». Le bachkateb est donc ce fonctionnaire qui travaille dans une administration, souvent publique. Dans son allure, le bachkateb donnait l'impression d'une personne très traditionnelle et classique, plutôt une personne routinière dans son travail comme dans sa vie personnelle. Cette personne adoptait le même mode de vie dans tout. Le bachkateb a été incarné dans plus plusieurs films cinématographiques, notamment dans les films en noir et blanc et le plus célèbre des bachkatebs est le comédien égyptien Zaki Rostom.

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